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Voici le message qu’une enseignante nous écrit

Bonjour,
Je suis institutrice et je rencontre (comme beaucoup de mes collègues) d’énormes difficultés à enseigner l’orthographe mais surtout le « savoir écrire ».
Je suis à la recherche de nouvelles méthodes pour essayer de motiver mes élèves à écrire. Ils ont tant de choses à partager que j’aimerais lire.
Merci à vous.

Voici ce que nous lui avons répondu

Nous publions notre réponse ici car nous pensons que ces quelques conseils pourraient aider d’autres enseignants à utiliser concrètement l’alfonic en classe.

Chère Madame, 

Comme vous avez raison ! Je comprends fort bien votre dépit face aux difficultés que rencontrent vos élèves devant la complexité de l’orthographe : nous avons en effet constaté que l’orthographe les empêche fréquemment de consigner par écrit les merveilleuses histoires qu’ils voudraient écrire. Trop souvent, les élèves craignent de faire des fautes, donc ils n’écrivent rien, ce qui est désolant.

Idéalement, l’alfonic s’adresse aux enfants de maternelle (deuxième et troisième année) mais vous pouvez bien sûr l’utiliser avec votre classe de primaire si vous pensez qu’il y a un blocage chez certains de vos élèves.

  • Pour les enfants de maternelle, l’alfonic est une étape bien utile avant de se lancer dans l’orthographe.
  • Pour les enfants de primaire, l’alfonic constitue plutôt un affinement de ce qu’ils ont déjà compris intuitivement (ou non), avant de revenir à l’orthographe dans laquelle ils sont déjà plongés tous les jours.

L’alfonic est-il un détour inutile ? Disons plutôt que, pour gravir la montagne de l’écriture du français, l’alfonic offre un chemin en lacets, plus doux et plus sûr à emprunter qu’un sentier en ligne droite à travers les pics aiguisés et les ravins sournois de l’orthographe.

L’alfonic permet d’identifier tous les phonèmes du français (tous les sons qu’utilise le français, si vous voulez). Son but est de nous faire écrire, avec la plus grande rigueur, ce que nous entendons, car chaque lettre de l’alfonic correspond à un phonème du français. L’alfonic n’a donc rien d’une écriture approximative : il requiert (puis affine) une véritable capacité à écouter précisément ce qu’on prononce quand on parle. Le principe est similaire à celui de l’alphabet phonétique international (API), mais les lettres de l’alfonic sont globalement plus proches de l’orthographe française que les lettres de l’API, ce qui facilite la transition.

La première étape est donc d’identifier tous les phonèmes (les voyelles, les consonnes et les semi-consonnes). Ensuite, quand les phonèmes sont bien identifiés séparément, on écrit et on lit des mots entiers. Puis on passe à des phrases complètes. Enfin, quand tout le monde est à l’aise, on passe à l’orthographe, phonème par phonème. Le grand avantage est qu’on dispose alors d’un « référent » unique pour chaque phonème du français : une lettre de l’alfonic, qui ne change jamais. La seule exigence est de toujours écrire l’alfonic en rouge, en caractères bâtons (comme des lettres d’ordinateur), pour bien le distinguer de l’orthographe (qu’on écrit traditionnellement en cursive bleue ou noire).

L’avantage de l’alfonic est aussi de rassurer les enfants sur plusieurs points :

  • « Oui, ce que vous entendez, écoutez et prononcez a de la valeur : à six ans, vous êtes déjà des experts dans la langue française orale, et ce n’est pas rien. »
  • « Oui, vous avez le droit d’écrire sans vous tracasser de l’orthographe. Ce n’est pas un crime. Et l’alfonic, c’est vraiment du français. (Cependant, le “niveau 2 du jeu de l’écriture” sera de passer à l’orthographe. Sinon, votre apprentissage serait incomplet.) »
  • « Racontez-nous vos histoires ! Elles nous intéressent. L’important, c’est le sens, la logique, la cohérence, l’intérêt, l’originalité de vos textes. L’orthographe sera un bonus, que nous réservons à plus tard, quand vous aurez compris le principe de l’écriture. Avec l’alfonic, je parle, donc j’écris ! »
  • « Vous n’avez plus peur d’écrire ? Vous êtes heureux d’envoyer des lettres, des messages, des cartes postales à ceux que vous aimez ? C’est merveilleux ! Et désormais, vous comprenez que tous les textes écrits ont un sens, et que vous êtes capables de décrypter ce sens. »

Cependant, puisque vos élèves de primaire sont déjà plongés dans l’orthographe tous les jours, vous pouvez utiliser l’orthographe et l’alfonic en alternance ou même simultanément (par exemple, en considérant l’alfonic comme le sous-titre d’un texte en orthographe, ou vice-versa). L’utilisation des deux graphies rassurera les parents sur le fait que votre objectif est bien de faire acquérir l’orthographe à vos élèves. Si vous souhaitez écrire vous-même des consignes ou des textes en alfonic, vous pouvez télécharger notre police alfonic ici (c’est gratuit).

Concrètement, voici ce que je vous conseille comme étapes (mais vous êtes bien sûr libre d’adapter tout ceci à votre guise : vous connaissez vos élèves mieux que moi).

1. Préparer le terrain

Montrer quelques exemples de mots courants à l’orthographe difficile : oiseau, maison, garçon, eau, guitare, main, doigt, enfant, automne, peinture, etc. Faire remarquer à vos élèves que les sons (les phonèmes) qu’on y entend ne correspondent pas très souvent aux lettres qu’on écrit.  

2. Présenter un nouveau jeu

Expliquer que la classe va jouer à un nouveau jeu, qui durera quelques semaines : en classe, nous allons désormais écrire exactement ce que nous entendons. Chaque son correspondra à une lettre en rouge (en alfonic).

3. Repérer tous les phonèmes du français

Avec vos élèves, tentez de dire autant de mots que possible (nuage de mots) pour retrouver les phonèmes du français. Leur liste complète en alfonic se trouve ici :

      4. Organiser des jeux avec les phonèmes

      Nous présentons de nombreuses idées de jeux et activités sur notre page https://alfonic.org/activites/. Les jeux y sont fournis au format PDF et sont téléchargeables gratuitement.

      Vous seule jugerez du nombre d’activités qu’il faudra à votre classe pour se familiariser avec les lettres de l’alfonic. C’est vous aussi qui décidez quelles activités sont intéressantes et pertinentes pour vos élèves. Rien ne vous oblige à utiliser en classe tout ce que nous proposons.

      En guise d’exercice récapitulatif, le Petit Bac des voyelles et celui des consonnes fait très bien l’affaire : chacun à son tour pioche une carte de phonème ainsi qu’une carte de catégorie (objet, prénom, légume, pays, etc.) et dit un mot contenant le phonème pioché.

      5. Organiser des jeux d’écriture de mots puis de phrases

      De nombreuses activités sont proposées plus bas dans notre page https://alfonic.org/activites/.

      6. Passer à l’orthographe
      • Vous trouverez quelques activités et surtout des aide-mémoires des différentes variations orthographiques pour un même phonème sur notre page https://alfonic.org/passer-a-lorthographe/. (Dans les prochaines semaines, je publierai des exercices de lecture en orthographe, phonème par phonème.)
      • Vous pouvez également revenir à la bonne vieille dictée en orthographe. C’est un très bon moyen pour fixer la mémoire.
      • Puis, dans les prochaines rédactions de vos élèves, vous pouvez les encourager à écrire en orthographe, mais aussi les autoriser à écrire en alfonic (obligatoirement en rouge) les quelques mots dont l’orthographe les ferait hésiter. Ensuite, faire réfléchir toute la classe à l’écriture orthographique de ces mots difficiles pour en faire, non pas une sanction, mais une sorte de révision collective joyeuse.

      J’espère vous avoir aiguillée dans l’utilisation de l’alfonic et, surtout, qu’il aidera vos jeunes élèves dans le joyeux parcours de l’écriture.

      Bon amusement !


      Images : Clker-Free-Vector-Images, OpenClipart-Vectors, ractapopulous, GDJ, MR1313 (Pixabay) (montage).

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