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J’aime beaucoup combiner les méthodes et les outils, comme expliqué précédemment (voir les articles « La “Pierre de Rosette” du français » et « Une lecture en images et en alfonic »). En particulier, je trouve l’association de l’alfonic et d’Intuitiv’Lingua très efficace dans ma classe de débutants en FLE. À ce sujet, je vous livre aujourd’hui une anecdote survenue récemment.

Depuis plusieurs mois, j’utilisais l’alfonic et l’orthographe en parallèle, considérant l’un comme le sous-titre de l’autre ou vice-versa. En même temps, pour « orienter » les oreilles de mes étudiants vers une identification sans cesse plus précise des phonèmes du français, je leur fais remarquer oralement, le plus souvent possible, les moments où les mots sonnent de la même manière – ou non –, malgré nos raffinements orthographiques trompeurs. Par exemple,

  • Je prends ; tu prends ; il prend ; elle prend : « Quand je parle, j’entends la même chose ? Oui, j’entends la même chose. »
  • Elle joue ; elles jouent : « C’est la même chose ? Oui, c’est la même chose. Attention, quand on écrit, c’est différent. Mais quand on parle, j’entends la même chose. »
  • Il met ; ils mettent : « C’est la même chose ? Non, ce n’est pas la même chose. Quand je parle, c’est différent ; et quand j’écris, c’est différent aussi. »

Ce jour-là, nous étions dans une leçon sur les vêtements et j’encourageais chacun à proposer une phrase de son choix en français. Un étudiant lance : « Je mets mes chaussures. » Je le félicite pour sa phrase correcte. Puis, tout enthousiaste, il précise spontanément : « mets, mes : c’est la même chose ! » – Je suis surprise, épatée et ravie : « Ouiiî, bravo ! Tu as raison : on entend deux fois la même chose ! »

Pour les autres étudiants qui n’ont pas suivi, je place alors au tableau les images de la phrase (que j’allonge de moitié) et je l’écris en alfonic. Et je confirme ce que leur camarade a remarqué : « Vous voyez ? On entend plusieurs fois la même chose. » Avec amusement, je constate les mines interloquées des autres étudiants qui s’aperçoivent, en effet, que des mots différents sonnent pareillement.

Puis, sous l’alfonic, je récris la phrase en orthographe. « On entend la même chose, mais dans les livres, on écrit ces mots différemment. » Là, les visages de mes étudiants se teintent d’un dépit flagrant : « Quoi, on écrit différemment alors qu’on entend la même chose !? Quelle est cette décadente et inutile absurdité ? »

Je leur souris alors d’un air entendu : « Vous avez raison d’être perplexes, les amis : l’écriture du français est vraiment difficile. Les francophones auraient pu décider d’écrire de la même manière ces trois mots. Mais vous voyez, nous les lecteurs pouvons aussi en profiter pour faire une enquête archéologique dans l’écriture du français. Si j’entends “mè”, ça veut dire quoi ? Il y a plusieurs mots possibles : le pronom possessif de la première personne du singulier, une forme conjuguée au présent du verbe mettre, ou la conjonction de coordination. À l’oral, c’est le contexte qui permet de savoir de quel mot il s’agit. Mais à l’écrit, si j’ai un doute, comment m’y retrouver ? Eh bien, on regarde la graphie du mot et on se souvient : mets, c’est le verbe mettre ; mais, c’est quand on oppose deux idées ; et mes, c’est quand plusieurs choses sont à moi. »

Je les vois un peu rassérénés par mon explication. Ils n’avaient pas pensé qu’une orthographe comme la nôtre pouvait servir de base à un véritable jeu d’enquête à la Sherlock Holmes. Mais ils se disent finalement que, oui, pourquoi pas, l’écriture orthographique peut fournir des indices pour trouver le sens d’un mot. Et les voilà, pour aujourd’hui, presque réconciliés avec l’ébouriffante créativité de notre belle orthographe ! Merci, l’alfonic et Intuitiv’Lingua !

Bon amusement !

Images : Intuitiv’Lingua, Clker-Free-Vector-Images et OpenClipart-Vectors (Pixabay) (montage).

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