Chez beaucoup d’enfants, l’envie de communiquer précède – et de loin – celle d’écouter. Quand je demande à ma fille de huit ans comment s’est passée sa journée, elle m’explique joyeusement par le menu les infimes détails qui l’ont émaillée. Aujourd’hui, elle est en deuxième primaire ; mais depuis qu’elle sait parler, elle montre un goût remarquable pour le bavardage.
D’abord lire ou d’abord écrire ?
Pourquoi n’en serait-il pas de même avec la lecture et l’écriture ? C’est ce que les enseignants et les linguistes qui promeuvent l’alfonic ont en effet observé. Promettre à l’enfant une lecture bientôt autonome des Trois Mousquetaires est un beau projet, mais qui convainc davantage les adultes (qui l’ont dévoré) plutôt que les enfants qui n’en connaissent encore rien. Ce n’est peut-être pas tant la taille de la brique qui les effare, que le plongeon dans l’inconnu. Qui est ce monsieur Dumas ? Qu’est-ce qu’un mousquetaire ? L’enfant à qui on présente les livres d’autrui ne se montre pas toujours enthousiaste. À l’école maternelle et en début d’école primaire, on remarque souvent qu’il aime revenir constamment aux mêmes films, aux mêmes livres illustrés. La nouveauté ne l’attire pas tellement.
Écrire, c’est communiquer
Alors par quel bout s’y prendre ? En le faisant écrire ! L’enfant dessine souvent avec entrain : c’est un moyen d’expression qu’il affectionne dès qu’il sait tenir un crayon. Pourquoi ne pas lui permettre de communiquer par des mots et des phrases ? C’est ce très beau projet qu’expliquait déjà Jeanne Villard, professeur et inspectrice, dans son article « L’utilisation d’alfonic. Généralités pédagogiques », que nous retranscrivons ici intégralement. L’article a été publié en 1983 ; il n’a rien perdu de son actualité.