« Mes enfants réussissent bien à l’école »
Réussite ? Échec ? Voilà bien des concepts, éminemment politisés, qui induisent une pression, une inquiétude, une crispation chez les enfants en âge scolaire. Bien sûr, il faut que l’apprentissage débouche sur des connaissances, des savoirs et des savoir-faire, des compétences. Bien sûr, il faut que l’enfant, en sortant de l’école, se sente plus riche de ce qu’il a appris, mieux préparé à se lancer dans le monde. Mais pourquoi considérer l’apprentissage sous l’angle d’une lutte constante face à un monde ou des connaissances hostiles, parfois au prix de son estime de soi ? La vie ne distribuera pas de bons points aux citoyens méritants…
Vient-on à l’école pour réussir ou pour apprendre ?
On s’inquiète beaucoup des taux de réussite scolaire. Mais qui se soucie des enfants, qui en sont pourtant les principaux intéressés ? Réponse : les profs, évidemment, quand on leur laisse la latitude nécessaire.
Beaucoup de profs formidables en sont convaincus : les enfants apprennent infiniment mieux si leur curiosité naturelle est titillée par une stimulation intelligente, s’ils peuvent s’épanouir en construisant, grâce aux clés reçues en classe, leur propre vision du monde, en bref s’ils sont heureux. L’apprentissage ne se résume pas à une pile de bulletins, il est un chemin permanent – qui ne s’arrête pas nécessairement à l’âge adulte. Et ne dit-on pas que dans tout voyage, ce n’est pas le but mais le chemin qui compte vraiment ?
Expérimenter et s’exprimer, deux clés d’un apprentissage heureux
J’admire spécialement les instituteurs qui ont eu le cran de supprimer les points au profit des appréciations « Je maîtrise », « Je suis en train d’apprendre » et « Nous y travaillerons encore, mon prof et moi ». C’est préférer voir le verre à moitié plein face aux efforts des enfants, même quand leur maîtrise du domaine semble encore lointaine.
Dans le même état d’esprit, la bienveillance dans laquelle baigneront les enfants permettra à leur curiosité créatrice de se déployer. On apprend mieux quand on peut expérimenter concrètement, essayer des trucs, se tromper, recommencer, s’amuser. Aussi, laissons les enfants s’exprimer librement, joyeusement, avec un outil qui leur permet d’expérimenter l’écriture et la lecture sans craindre un zéro sur dix. Encourageons-les, concrètement, à tenir un crayon (rouge, pour l’alfonic) et montrons-leur que leur voix, orale ou écrite, a de la valeur. Que leurs idées méritent notre attention.
Les enfants nous écrivent
C’est pour cette raison que nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle rubrique : « Les enfants nous écrivent ». N’hésitez pas à nous envoyer les œuvres de vos enfants en alfonic : histoires, poèmes, dessins, bédés, etc., accompagnés du prénom et de l’âge des artistes. Nous les présenterons avec enthousiasme !
Image : l’illustration est un dessin de Sylviane, 5 ans. C’est elle qui a rédigé le texte du phylactère, mais celui-ci a été retapé à l’ordinateur car le dessin était déjà scanné lorsque l’auteure a voulu y ajouter du texte pour les besoins d’une publication en livret (atelier d’expression).